Joseph Moulaison III (L’ancêtre de tous les Moulaison de la Nouvelle-Écosse)
Les allers et venues de Joseph Moulaison au temps de la Dispersion tiennent un peu du mystère. Natif de la région de Pobomcoup où se trouvait sa famille et où en 1753 il fut lié en mariage par l’abbé Desanclaves à Jeanne Comeau, il dut échapper au raid de 1758 qui fit ses frères et soeurs prisonniers, lesquels furent amenés en France. Il se peut que Joseph Moulaison, avec sa femme et le seul enfant qu’on lui connaisse, appelé Joseph comme lui, né l’année qui suivit son mariage, se tint caché dans les bois.
Ce fut en 1764, au printemps semble-t-il, qu’il s’établit aux Buttes Amirault. Le 27 juin de cette même année, Ronald McKinnon, à qui avait été concédée une immense étendue de terrain dans le comté de Yarmouth, lui donnait et léguait «250 arpents de terre qu’il possède déjà», aussi longtemps que lui ou les siens continuent à vivre sur cette terre. Il est vraisemblable qu’il se logea sur le terrain occupé dans la suite par la famille des Landry, du côté de la rivière Tousquet.
Malgré qu’il en fut le pionnier, son nom de Moulaison a à peine subsisté aux Buttes Amirault. Sons fils Joseph, qui épousa Marie Osithe Doucet, eut trois fils, dont, (1), l’aîné, Joseph III, dit Cobichon, marié à Marie LeBlanc, qui alla s’établir à la Rivière Abram: il est l’ancêtre de tous les Moulaison de la Nouvelle-Écosse; (2) Pierre, marié à Rosalie Mius, qui alla s’établir à la paroisse du Havre-Aubert, aux Îles de la Madeleine, où on trouve encore de ses descendants; et (3) Michel, qui occupa l’emplacement de son père aux Buttes Amirault, mais qui n’eut pas d’enfants; il adopta Frédéric Landry qu’il fit son héritier et qui est l’origine des Landry des Buttes Amirault.
Non seulement les Moulaison ont ainsi presque complètement disparu des Buttes Amirault, l’établissement lui-même qu’ils ont inauguré devait porter un autre nom, grâce surtout à Jacques Amirault, fils, qui vint s’y établir en 1767.
Ce fut en août 1766 qu’un «capitaine Amiro» obtenait des autorités de Boston la permission de faire voile pour Québec. On a estimé que ce bâtiment, qui, d’après la tradition, aurait été construit pas les Acadiens eux-mêmes précisément dans le but d’effectuer ce voyage, transportait les familles suivantes: Celle de Jacques Amirault, père, et celles de ses deux fils, Jacques et Ange; celle de Charles Belliveau avec ses frères Michel, Isidore et Joseph; celle de Joseph d’Entremont avec sa mère, (soeur de Jacques Amirault, père), et ses frères Paul et Benoni; celle de Abel Duon, (marié à une soeur des d’Entremont); celle de Joseph Mius, (fils de Joseph d’Azit et donc deuxième cousin des d’Entremont); et celle de Pierre LeBlanc, natif de Grand-Pré, marié en exil à une nièce de Jacques Amirault, père. Notons que Ange Amirault, Joseph et Paul d’Entremont épousèrent des soeurs des frères Belliveau.
Ayant fait escale à Halifax, le groupe fut autorisé à se choisir les terrains qu’ils voudraient dans la province, avec l’assurance qu’ils recevraient les services d’un prêtre, motif qui les dirigeait vers Québec. Ils passèrent l’hiver aux environs du Cap Sable, plus précisément aux Sand Hills, (Villagedale), où peut-être le Fort St-Louis était encore en état de les abriter. Le printemps suivant, 1767, ils quittèrent leur gîte pour venir s’établir dans les régions des Buttes Amirault, de Pubnico et de Sainte-Anne-du-Ruisseau. Nous en parlerons la prochaine fois.
Les Buttes Amirault
Le premier Acadien à habiter ce village fut Joseph Moulaison. Les détails concernant l’origine de cet homme restent obscures. On sait qu’il naquit dans la région de Pubnico et que c’est en cet endroit qu’il épousa Jeanne Comeau en 1753. Il ne fut pas victime de la Déportation, mais après la Déportation il fut le premier Acadien à s’établir dans le comté de Yarmouth, aux Buttes Amirault, en 1764. Il eut un fils, Joseph, lequel devint le père de trois garçons, à savoir, Joseph III qui alla s’établir à Abram’s River, l’ancêtre de tous les Moulaison de la Nouvelle-Écosse, et qu’on appelait «Cobichon»; Pierre qui s’en alla demeurer aux Îles de la Madeleine; Michel qui choisit de rester aux Buttes et qui adopta Frédéric Landry pour son héritier. Mais Joseph ne donna pas son nom au village qu’il avait fondé. Le nom Amirault vient de Jacques Amirault, fils, frère d’Ange, qui au retour d’exil s’y installa en 1767.
Dans son «Histoire du Cap-Sable», volume III, page 1236, le Père Clarence d’Entremont explique comment Joseph Moulaison parvint à obtenir des terres en ces lieux:
Pour une année ou deux, à partir de 1762 à peu près, le capitaine Ronald McKinnon demeura aux Buttes Amirault, sûrement non loin de la Passe-de-Pré, qui est à deux milles à peu près du village de Tusket. Le 27 juin 1764, il donnait et léguait à Joseph Moulaison deux cent cinquante arpents de terre que celui-ci occupait et possédait déjà, ce qui comprenait la moitié de la terre défrichée de McKinnon. L’emplacement qu’occupa vers 1762 McKinnon était probablement celui sur lequel se trouva une couple d’années plus tard Joseph Moulaison, qui était situé un peu au sud-ouest de la Passe-de-Pré. Nous arrivons à savoir cela du fait que Joseph Moulaison céda cet endroit à l’unique fils qu’on lui connaît et qui portait le même nom que son père; ce fils le légua à son tour à son propre fils Michel; ce dernier le légua à son fils adoptif Frédéric Landry qui le donna à son fils Jérémie Landry, dit Rémi, et celui-ci le transmit à son fils du même nom, Jérémie Landry, marié à l’institutrice Thérèse Pothier, originaire de Wedgeport.
Les Buttes Amirault restèrent une mission de l’Île Surette jusqu’en 1901 alors qu’elle fut érigée en paroisse avec la construction de sa présente église Sainte-Famille. Le premier curé des Buttes Amirault fut le Père Émile Hamelin qui y resta jusqu’à sa mort en 1928.