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93. LA RENCONTRE D’UN SOUS-MARIN ALLEMAND AU LARGE DE NOS RIVES

Ce court texte a été rédigé en anglais par le père Clarence d’Entremont et publiés dans le Yarmouth Vanguard le 9 octobre, 1990. Traduction de Michel Miousse


Henri A Amirault, anciennement de Pubnico, fils de Jacques Amirault, fut impliqué pour quelques temps dans le commerce de la pêche au Havre Abbott*. Vers 1907, il vend son commerce à Raymond d’Entremont et à Frank E. d’Entremont, et déménage à Yarmouth. Il s’est acheté une maison au coin de la 2ième Rue* et de la Rue Alma*, maintenant démolie. À Yarmouth, il a ouvert une grosse installation de pêche à ce qui est devenu par la suite la propriété de Lawrence Sweeney. Il possédait simultanément ou séparément au moins huit vaisseaux, allant de 15 à 93 tonnes.


L’un de ces vaisseaux était le Nelson A., nommé en l’honneur de son fils le plus vieux, né en 1896. Il fut construit à Shelburne. Il avait une charge de 72 tonnes. Il était destiné à la pêche à la morue, alors que les « filets se posaient à la main » et que les poissons étaient remontés à bord par des doris.


Nous connaissons un certain nombre de ses capitaines des premiers jours, la plupart de Pubnico Ouest. À l’été de 1918, son capitaine était John Simms. Il avait 17 hommes à bord avec lui, parmi lesquels il y avait Célestin Muise, et son fils Mandé et Denis Muise, tour de l’île Surette ; James Moody et Simon Muise des Buttes Amirault ; Joseph Watkins, de Yarmouth Bar ; Roy Simms de Digby ; John Bourque, cuisinier, Robert Doucette (Wedgeport et Yarmouth, N.É.), Moses Doucette, Peter Fitzgerald, Edmond Harris, Vernon Killam, William Muise, La Caine Risser et Archie Surette. Ils sont maintenant tous décédés, mais sûrement que ceux qui vont lire cet article vont encore se souvenir de l’un d’eux ou de plusieurs.


En cet été de 1918, ils ont quitté Yarmouth vers le 26 juillet pour un des bancs de pêche du sud-ouest de la Nouvelle Écosse. Ces voyages duraient habituellement dix jours. Ce voyage promettait d’être plutôt bon pour l’équipage, ils avaient calculé pouvoir rapporter environ $83.00 par personne, ce qui était considéré comme un bon voyage.


Dans la matinée du 4 août, sur leur chemin vers Yarmouth avec toutes les voiles hissées, l’équipage fut appelé en bas pour dîner. A peu près en même temps, ils ont vu à une certaine distance un poteau au milieu de l’océan qu’ils n’avaient jamais vu auparavant. Ce n’était un poteau mais un tuyau qui fendait l’eau en se dirigeant vers eux. Et la première chose qu’ils ont su est qu’un sous-marin émergeait à la surface s’avançant vers eux encore plus vite. À la pensée que c’était en temps de guerre, la Première Guerre Mondiale, il ne leur a pas fallu longtemps avant de réaliser que c’était un sous-marin Allemand et que leur destin était en jeu. À la vitesse qu’il approchait, il était inutile d’essayer de lui échapper. Hissant le drapeau Germanique, il leur fallut peu de temps en effet, pour atteindre le Nelson A.


Lorsqu’ils furent assez près, un jeune officier Allemand leur cria en Anglais de prendre les doris et de s’avancer vers le sous-marin. Avec un fusil du submersible qui était pointé vers eux, l’équipage n’avait pas le choix de descendre les cinq doris qu’ils avaient à bord.


Ils sautèrent dedans, trois ou quatre dans chacun d’eux, et ramèrent jusqu’au sous-marin.


Comme ils approchaient de celui-ci, quelques hommes furent sommés de monter à bord du submersible, parce que le capitaine voulait les voir. Il appert que Célestin Muise et son fils Mande de l’Île Surette furent choisis, pour cette occasion. Ils ont pensé qu’ils étaient « perdus » pour sûr et qu’ils ne reverraient jamais le reste de l’équipage, pas plus que leur famille. Leur visite ne dura pas longtemps, et ils furent retournés sur leur doris. Entre temps, un officier avait demandé à être emmené sur le bateau pour y prendre une bonne quantité de poisson qui était dans le trou.


À son retour, les cinq doris furent pourvus en eau et en nourriture, et il leur fut dit ensuite de fuir au plus vite vers la terre ferme, étant donné que le vaisseau allait être détruit. Ils avaient ramé sur environ 200 yards lorsqu’une bombe, qui avait été placée sous le vaisseau, explosa dans un gros bang ! Elle fit un large trou au centre du bateau. Immédiatement sa proue a commencé à lever pendant que l’arrière commençait à couler, et elle s’enfonça jusqu’au fond de l’océan, l’arrière en premier.


Lorsque la houle causée par l’explosion et le naufrage du vaisseau eut diminué, le sous-marin commença à s’éloigner et en dedans de quelques minutes, il disparut complètement sous l’eau. Les cinq doris, pas très loin de là, qui avaient été brassés sévèrement par la houle, commencèrent à pencher de nouveau à gauche et à droite comme la mer s’engouffrait pour remplir le trou ou l’espace vide que le sous-marin laissait en s’enfonçant vers le bas. Finalement tout était terminé ; ils étaient tous là, laissés à eux-mêmes. Il n’y avait plus qu’une chose à faire, commencer à ramer. Ce qu’ils firent en direction de Lockeport à quelques 50 à 60 miles plus loin. Ils ont dû atteindre le port le jour suivant.


Tout ce qui leur appartenait avait sombré avec le Nelson A., à l’exception des vêtements qu’ils avaient sur eux. Alors, avec le propriétaire du vaisseau, ils firent immédiatement une demande au Gouvernement Canadien pour une compensation. La guerre était finie et près d’être oubliée avant que leur cause soit entendue ; cela prit 10 ans. Henri A. Amirault a reçu $11,500.00 pour la perte du Nelson A., alors que chaque membre de l’équipage a reçu $1,293.00.


Il semble que cette dure épreuve n’ait pas dissuadé les hommes de reprendre la mer. Quelques-uns d’entre eux après quelques semaines retournaient pêcher sur quelques autres vaisseaux.


Bien que le Nelson A. et plusieurs autres vaisseaux avaient pêché sur ces bancs même depuis que la guerre avait commencé en 1914, ce fut la première et seule fois qu’un vaisseau fut attaqué. En août 1918, la guerre tirait à sa fin. En trois mois, le 11 novembre, les Allemands s’étaient rendus.

78.SIMON « SQUIRE » D’ENTREMONT

Ce court texte a été rédigé en anglais par le père Clarence d’Entremont et publiés dans le Yarmouth Vanguard le 26 juin 1990. Traduction...

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