Ce court texte a été rédigé en anglais par le père Clarence d’Entremont et publiés dans le Yarmouth Vanguard le 2 octobre, 1990. Traduction de Michel Miousse
Il a donné son nom en tant que Frédéric Joseph du Pont du Chambon, bien qu’il ait été baptisé Frédéric Joseph Louis. Il est né en France en 1765, à un endroit appelé Angoulême, près de l’Océan Atlantique, au sud-est de La Rochelle et au nord-est de Bordeaux, à environ 25 miles à l’est de Cognac. Ses parents étaient de Louisbourg, d’où ils ont été évincés en 1758,à l’époque de la conquête Anglaise. Son père Charles Ferdinand François du Pont du Chambon était d’une des plus respectées familles de haut rang de Cap Breton, étant intimement impliqué dans l’administration de l’île. Sa grand-mère du côté de son père était Jeanne Mius d’Entremont, fille de Jacques d’Entremont et de Anne de La Tour, ainsi que sœur de Anne, que nous avons vu dans l’article No. 7, qui devint veuve à 13 ans et millionnaire à 34. Sa mère, Marguerite Josephte Rodrigue, était la fille de Michel Rodrigue, lui-même fils de Jean Rodrigue, né au Portugal, qui vint en Acadie pour y faire fortune.
Frédéric François du Pont allait devenir une disgrâce pour sa famille. Un auteur l’appelle « un homme infortuné…un voleur, un falsificateur et un assassin. » Un autre auteur nous dit qu’il était « un pauvre spécimen impliqué de près dans une affaire sensationnelle et en même temps sordide. » Cette « affaire » est connue dans l’histoire comme « l’Affaire Petit du Petit Val », pour l’affaire de François Gaspard Philippe Petit, Chevalier de Petit Val, qui possédait une fortune considérable. Sa femme était première cousine de Frédéric Joseph qui, en compagnie d’autres membres de la famille Rodrigue, allait conspirer à la déposséder de sa fortune.
Après avoir perdu sa femme à La Rochelle en 1787, le riche François Gaspard Philippe déménage à Paris, emmenant avec lui sa belle-mère, Marguerite Rodrigue, et deux de ses sœurs, qui étaient Marguerite Josephte (mère de notre infortuné Frédéric Joseph) et Victoire Bibiane Rodrigue, célibataire.
Ça s’est passé à la veille de la Révolution Française. En 1794, la faction Rodrigue a dénoncé leur riche parent et sa belle-mère comme étant opposée à la réforme Française. Ils espéraient qu’ils seraient envoyés à la guillotine et que la fortune leur tomberait dans les mains. Mais les accusés furent trouvés innocents.
C’est alors que Frédéric Joseph, en compagnie de ses conspirateurs, décidèrent d’avoir recours à des mesures extrêmes. Une nuit de 1796, à une heure du matin, ils entrèrent dans le château de leur riche parent, François Gaspard Philippe, et le tuèrent ainsi que les trois femmes qui habitaient avec lui, incluant Marguerite Josephte Rodrigue, la mère de Frédéric Joseph, en plus de deux domestiques, donc six en tout. Ils épargnèrent un garçon de dix ans, le seul fils de François Gaspard Philippe, espérant acquérir sa garde et mettre la main sur la fortune considérable que son père laissait avec lui.
Mais ce qui est arrivé c’est que l’enfant fut confié aux soins de son oncle, Pierre Alexandre Petit.
Afin de ne pas être surpassés, Frédéric Joseph et ses hommes réussirent à faire mettre cet oncle en prison, avec l’espoir qu’ils pourraient prendre l’enfant sous leurs soins et finalement se débarrasser de lui. Mais encore une fois ce fut en vain, parce que l’oncle fut relâché peu de temps après.
Entre temps, Frédéric Joseph, après la boucherie dans laquelle sa propre mère fut massacrée, fut emmené en cour comme principal suspect de ce carnage. Bien que le juge fut incapable de trouver des preuves directes qu’il avait été le principal instigateur de toute cette affaire, la suspicion devint tellement élevée envers lui qu’il fut envoyé en prison, en compagnie d’un complice du nom de Achard, qui semble avoir été très proche de la famille Rodrigue, qu’on dit marchand de limonade à Paris. Il n’est pas dit combien de temps ils furent détenus.
Entre temps, le garçon, qui avait toujours été un enfant fragile, décéda en 1801, à l’âge de 14 ans et demi. Immédiatement, les membres de la famille Rodrigue se jetèrent sur la « fortune du Petit du Petit Val. » Elle fut divisée parmi la masse. Concernant Frédéric Joseph, un auteur écrit : « Finalement, seulement le quarantième de la fortune recouvrée lui fut alloué, comme sa part, au ‘sans culottes’ massacreur de Lyon », où il vivait à l’époque (sic.) Le mot ‘sans culottes’ réfère au fait que vers 1793 les révolutionnaires Français commencèrent à porter de longs pantalons qui descendaient jusqu’à la cheville, ce qui les distinguaient de ceux qui portaient des pantalons qui allaient de la taille aux genoux, appelés ‘culottes’ ; ils étaient royalistes, ce sont ceux qui étaient fidèles au Roi. Ce nom méprisant de « sans culottes » devint synonyme de héros, patriote, républicain.
Le « sans culottes », anciennement connu sous le nom de Frédéric Joseph Louis, haïssait tellement le Roi, Louis XVII, qu’il raya de son propre nom celui de « Louis », et se lança complètement et sans réserve dans la Révolution. Il allait atteindre le rang de lieutenant.
Il appert que les habitants de la ville de Lyon s’organisèrent pour combattre les forces des révolutionnaires. Frédéric Joseph fut envoyé avec ses troupes pour soumettre la population. Plus tard dans sa vie, il fit une requête pour une pension pour ce qu’il appelle ses actions de valeur à Lyon, mais elle lui fut refusée. Il dut finalement se réfugier chez quelques parents à La Rochelle, et par la suite à Paris. Nous ne savons pas ce qui est advenu de lui lors de ses derniers jours. Il est mentionné pour la dernière fois en 1810, lorsqu’il demande à nouveau pour de l’aide, qui lui fut à nouveau refusée.
Et ainsi disparaît de nos anales un des rares cas dans l’histoire de matricide, duquel nous pouvons dire : « Il aurait mieux valu que cet homme ne vienne jamais au monde », et pas seulement pour lui, mais aussi pour l’honneur des familles Rodrigue et du Pont.